Musicactu.com - Novembre 2002

Après le succès de "Aime-moi", son deuxième album "Nos différences" est dans les bacs depuis le 04 novembre dernier. Une tournée dans toute la France est prévue pour 2003. Rencontre avec Eve Angeli.

Quel a été le déclic qui t'a poussé à chanter et à t’engager vers une carrière musicale ?
Eve :
C’est marrant, mais, ça a toujours été une volonté depuis toute petite. Je ne m’en rappelle plus très bien, mais mes parents me disent qu’à trois ans, je chantais déjà et que je créais des mélodies alors que je savais à peine parler ! Je faisais des petits trucs, pas du tout ambitieux, mais j’ai toujours eu ça en moi. Je me rappelle qu’à cinq ans, je voulais faire "L'école des fans". Comme on était loin de Paris, on était dans le Gard, ça ne s’est jamais fait, c’était trop compliqué. Pour monter sur scène, ça a mis beaucoup plus de temps. Je ne chantais que pour mes parents dans la voiture ou pour moi dans ma chambre. J’étais tellement timide que je n’ai pas osé monter sur scène avant mes seize ans. C’est arrivé pour la fête de la musique du village où vis ma sœur dans le sud de la France et là, ça a été le vrai déclic. Etre devant des gens, être jugé…, j’appréhendais énormément, je pensais que je n’y arriverais jamais. Déjà, je me sentais toujours jugé, j’avais peur de la critique, alors me mettre sur scène, comme ça…, devant tout le monde... Finalement, ça m’a vraiment plu et à partir de là, je n’ai pas arrêté de faire des concours de chants. Tout ce qui était possible pour moi dès que je pouvais monter sur scène, j’y allais en sautant !

Et puis en 1999, tu as participé à l’émission "Graines de star" sur M6. Tu es allé jusqu'en finale du "Graines de star tour". Que t’a apporté ce passage par la télé ?
Eve :
J’ai fait "Graines de star", le podium, j’avais dix-sept ans. Avant ça, j’avais été remarquée dans un concours de chant par Michel Rostaing. Il était dans le jury. Aujourd’hui, c’est mon auteur-compositeur et mon manager. C’est notamment grâce à lui que j’ai signé avec un label. Il m’a fait sortir mon premier titre, il m’a prise en main, il m’a "coachée". "Graines de star" a été un petit plus. On avait déjà plein de contacts. Le producteur qui nous avait remarqués grâce à Michel a dit : "Allez, je la signe" en voyant la cassette de "Graines de star". "Graines de star" m’a donc donné un petit coup de pouce mais j’étais prête à être signée avant.

Quel a été ensuite le chemin suivi pour sortir ton premier album "Aime-moi" ?
Eve :
Il fallait qu’on trouve le single et avec Michel, on avait déjà fait une quinzaine de titres. Les titres plaisaient au producteur, mais il nous disait qu’il n’y avait pas encore le single. On était hyper stressé, on ne savait pas ce que c’était ce qu’il appelait un single, on ne peut jamais savoir. On s’est donc remis au boulot et un jour on a réussi à sortir "Avant de partir". On trouvait ce morceau super bien, mais on ne savait pas s’il allait dire : "Ok, c’est ça !". Finalement, il a été ravi, il nous a dit : "C’est super, j’y crois, on y va !" et c’est là qu’il nous a vraiment lancés. Ce qui était bien, c’est que nous avions les quinze titres de prêt depuis au moins un an et demi. Ca nous a ensuite permis de sortir un autre single, "Elle". C’est comme cela qu’est né le premier album avec deux singles forts.

L'album "Aime-moi" et le single "Avant de partir" ont très bien marché. Est-ce que tu t’attendais à rencontrer un tel succès ?
Eve :
Je ne m’y attendais vraiment pas. "Avant de partir" a été double disque d’or en peu de temps, 550 000 ventes. A l’époque, les gens qui arrivaient à un tel niveau de ventes étaient des gens comme Anastacia, Alizée. Moi, je n’arrivais pas à comprendre comment je pouvais d’un coup faire partie de ces gens qui plaisaient autant aux jeunes. Ensuite, j’ai été assez anxieuse. Passé le fait d’avoir eu du succès auprès des jeunes, il y avait l’album qui arrivait et je me disais que ça allait être plus dur. Ce n’est pas la même chose d’acheter un album que d’acheter un single. "Elle", le deuxième single est arrivé en même temps que l’album pour le soutenir. L’album est allé jusqu’à la onzième place des ventes, il a été disque d’or en peu de temps, on a fait 180 000 ventes. Aujourd’hui, je trouve encore ça énorme. C’est dur de refaire des résultats aussi gros, c’est vraiment quelque chose qui est rare. Maintenant, mon but, c’est vraiment de durer, d’étre présente. Pour l’instant, je suis assez contente, j’y arrive, mais rien n'est gagné. Il faut encore que je reste là cinq ou dix ans, en tout cas, c’est mon souhait. Si on fait un peu moins de résultat, l’essentiel est de durer et de faire toujours assez de résultats pour durer des années.

Ton deuxième album "Nos différences" est sorti depuis le 4 novembre. Comment le définis-tu par rapport au premier ?
Eve :
Je l’aime deux fois plus. Le premier, j’arrivais à peine dans le métier
. Avec Michel Rostaing, on ne connaissait pas les bonnes personnes au niveau des arrangeurs musicaux. On nous a plus ou moins mis entre les mains d’arrangeurs qu’on n'avait pas choisis. On ne pouvait pas dire que l’on voulait quelqu’un de précis puisque l’on ne connaissait personne. On a donc accepté, on a été très content car on est bien tombé. Mais, l’avantage, avec ce deuxième album, c’est qu’ayant fait connaissance depuis deux ans avec plein de gens du métier, j’ai pu vraiment choisir l’équipe avec laquelle je souhaitais travailler. Du coup, j’ai pris des Suédois qui ont travaillé notamment pour Will Smith et Britney Spears. Pour moi, c’est plus ce que j’aime faire, ce sont plus des arrangements pop classieux et en même temps pop moderne. Ca ne fait ni trop gamin, ni trop jeune, ni trop adulte non plus. Ce deuxième album, au niveau des arrangements est pile dans ma couleur : pop rock.

Pourquoi avoir choisi "Nos différences" comme titre de l’album ?
Eve :
C’est parce que j’ai vraiment craqué sur "Caught in the middle" le titre des A1, un groupe anglais. Michel a refait l’adaptation et a écrit les textes en français. Le titre est donc devenu "Nos différences". Comme, c’est vraiment pour moi le coup de cœur de mon album, j’ai décidé de le baptiser comme ça, pour montrer à quel point j’avais craqué pour eux.

A propos du single "Nos différences / Caught in the middle", comment as-tu rencontré les A1 et comment s’est déroulé l’enregistrement du morceau ?
Eve :
Ca été un vrai coup de foudre. J’étais en week-end, j’étais avec mon copain à Londres. Dans le taxi, dans les magasins, tout au long du week-end, je n’ai pas arrêté d’entendre le titre "Caught in the middle" des A1 et ça m’a vraiment attiré l’oreille. En plus, il s’est avéré que je les avais déjà vus quand je n’étais pas encore connu, à "Top of the pop", sur une chaîne anglaise. A l’époque, j’avais aussi adoré ce qu’ils faisaient. Quand j’ai fait le rapprochement, que c’étaient bien eux les A1, que j’adorais cette chanson que j’avais entendue en Angleterre, et lorsque je suis revenue en France, j’ai demandé à ce qu’on m’aide à tout prix à les rencontrer. En plus, ça faisait un moment que je voulais faire un duo anglophone, ça tombait donc super bien. J’ai heureusement pu les rencontrer grace à ma maison de disques. Ils ont écouté mon album, ils ont beaucoup accroché avec moi et j’ai beaucoup accroché avec eux. Ils ont accepté de travailler avec moi et on est resté une semaine ensemble. On a enregistré cette nouvelle version.

Peux–tu nous présenter l’ensemble de l’équipe qui a participé à la conception de l’album ?
Eve :
Sur le premier single, "Nos différences / Caught in the middle", les arrangements ont été réalisés par l’arrangeur officiel de U2. Autrement, les frères Desprès ont également participé à cet album. Il y a une quinzaine d’années, ils avaient travaillé avec Image sur "Les démons de minuit". Ce sont eux qui ont écrit mon deuxième single qui va prochainement arriver en décembre. Ce titre s’appelle "Ma prière", je l’aime beaucoup, c’est un titre assez efficace mais beaucoup plus pop rock que "Les démons de minuit". Il y a également les frères Ben Amou qui avaient travaillé pour l’album de Lââm et qui ont fait aussi beaucoup d’arrangements avec les Suédois.

Et puis bien sur, il y a aussi Michel Rostaing…
Eve :
J’oublie le plus important ! Michel Rostaing a fait toutes les adaptations, il a également composé avec moi la plupart des titres. On en a composé sept sur cet album. C’est toujours la même équipe, nous deux à la composition et lui au texte.

Comment travaillez-vous ensemble ?
Eve :
Ce qui est génial, c’est que l’on travaille vraiment en avance. On n'est jamais pris par le temps en se disant, il faut pondre dix-huit titres pour en choisir treize. On a toujours beaucoup de matière et on n’aime pas bâcler les choses, autrement c’est de la merde. Lorsque l’on était sur le premier album, on travaillait déjà sur les titres du deuxième et là on, travaille déjà sur les titres du troisième. Autrement, on compose toujours pareil. Michel est musicien et moi, je suis plus autodidacte que musicienne. Il fait donc les accords avec les guitares ou au piano selon le style de chansons. Sur ces accords qu’il aura composés, je crée la mélodie. Je peux aussi parfois créer la mélodie sans les accords et il les rajoute après. A partir de la mélodie que j’ai crée avec "un yaourt", un genre de franglais bizarroïde, il va écrire le texte d’après un thème que je lui aurai donné. C’est vraiment une totale osmose, on travaille en total confiance et en équipe. On ne se vole pas, chacun à sa part à faire, c’est bien.

Tu viens de m’expliquer que tu choisis le thème du titre. Que ce soit dans cet album comme dans le premier, la majorité des morceaux sont des titres qui évoquent l’amour. Est-ce ton thème de prédilection ?
Eve :
Je n’ai que vingt-deux ans et je me sens trop jeune pour interpréter des textes plus engagés. Renaud chante "Manhattan Kaboul", moi je trouve ça super bien, mais au jour d’aujourd’hui, je ne me sens pas crédible pour chanter des textes aussi sérieux. Je fais donc plus des textes de mon âge, qui me correspondent plus au jour d’aujourd’hui et qui vont aussi correspondre plus aux gens que je veux toucher actuellement. Le deuxième titre "Ma prière" va un peu à l’encontre de ce que je dis parce qu’il est déjà plus métaphysique. Il est plus sur la condition humaine : qu’est ce que l’on fait sur terre ? pourquoi vit-on ? Au niveau du texte, ça me fait penser à "SOS d’un terrien en détresse". J’aime bien ça aussi. J’aime bien chanter des textes d’amour et j’aime bien chanter des textes un peu tristes, un peu torturés. J’aime beaucoup Mylène Farmer, elle sait faire des textes qui m’ont toujours touchés, qui parlent de détresse, c’est toujours très mélancolique. J’ai plusieurs titres comme ça. "Ma prière" et "Tout simplement" ne parlent pas vraiment d’amour mais ils évoquent plus la mélancolie, trouver un sens à sa vie. Pour l’instant c’est plus ça mon créneau, mais peut-être que dans quelques années, je chanterais la guerre dans le monde…

Dans cet album, as-tu un titre préféré, et pour quelles raisons ?
Eve :
J’aime beaucoup "Ma prière". J’ai aussi une préférence pour un titre qui ne sera pas forcément single, un morceau qui s’appelle "Je manque de toi". Je ne sais pas pourquoi, lorsque je l’écoute, c’est vraiment celui que j’ai toujours envie de chanter, c’est celui-ci que je prends le plus de plaisir à chanter sur scène. Enfin, il y en a un autre qui arrive ex-aequo, c’est "L’amour que j’ai pour toi".

Est-ce que l’on va bientôt pouvoir te voir sur scène interpréter en live les titres de ce deuxième album ?
Eve :
L’été dernier, j’ai fait une trentaine de dates à travers toute la France, surtout en province, et là, je reviens pour une première date à Paris, au mois de mars. Je ferais cette date à la Cigale. Je connaîtrais la date exacte dans quelques jours. Cette date lancera la tournée 2003. Ensuite, on a déjà une trentaine de dates de prévues pour la province et on espère en faire une quarantaine pour l’été 2003.

Tu l’évoquais au début de cette interview, dans les débuts tu as fais beaucoup de scène. Te sens-tu plus épanouie lorsque tu enregistres en studio ou lorsque tu es face au public ?
Eve :
En terme d‘épanouissement et de bien être, c’est mille fois sans hésiter la scène ! Là, il y a tout ! Non seulement, on chante comme en studio, mais en plus, il y a le public et le retour des gens qui vont chanter en même temps, qui vont applaudir à la fin, qui vont siffler. C’est un truc qu’on n'arrive jamais à avoir en studio. Pour moi, c’est sans hésiter la scène pour l’adrénaline, le trac, la pression et puis surtout le côté live, le côté direct. Il n’y a aucune tricherie possible, c’est du premier coup. On est en direct devant les gens, si on se trompe, ils le voient, si on est dedans, ils le voient. C’est vraiment un moment de vérité et c’est ce que j’aime. J’aime aussi beaucoup l’aspect technique du studio, mais je préfère tout de même la scène.

Tu travailles actuellement sur un troisième album. Peux-tu-nous en dire plus : quelle tonalité aura-t-il ? où en es-tu dans sa conception ? quand prévois-tu sa sortie ?
Eve :
Je tends à aller de plus en plus dans un registre rock, mais pop rock. Le deuxième album est déjà plus pop rock que le premier et le troisième le sera encore plus. Je fais tout ça pour que ça soit bien sur scène. On crée en ce moment des morceaux en pensant à la scène. Ce sera plus un album à consonance scénique qu’à consonance commerciale. En fait, je vais plus me lâcher et faire ce que j’aime. Pour l’instant, on n'a pas mal de titres à faire valoir sur ce deuxième album, je pense donc que le troisième ne sortira pas avant un an. On souhaite extraire quatre singles du deuxième album, là, on attaque le deuxième, donc, au mieux dans un an, pas avant.

Y-a-t-il des gens avec lesquels tu souhaiterais particulièrement travailler ?
Eve :
Pour le premier album, j’ai travaillé avec Jacques Veneruso. Aujourd’hui, il a fait ses preuves, il travaille notamment avec Goldman et sur des albums pour Patrick Fiori, Garou, Céline Dion. Pour le deuxième, je trouvais que c‘était un peu trop français. Je n’ai donc pas retravaillé avec lui, mais dans le troisième album, comme je veux de plus en plus aller vers quelque chose à la Calogero, à la Obispo je pense que je vais retravailler avec. J’aimerai bien aussi faire une collaboration avec Calogero, pas forcément Obispo car je trouve qu’il a déjà fait trop de chose. C’est comme Goldman, ça devient trop récurrent, ce sont des grands messieurs, mais, justement, je trouve qu’ils font trop de choses. Je serai plus tenté de faire quelque chose avec Calogero, j’adore ce qu’il fait et en plus, je ne me servirai pas de son nom. Je trouve ça trop démago de travailler avec les plus gros. On dirait que c’est pour nous aider nous-même à marcher. Je préfère me dire que j’ai marché par moi-même et pas grace à un énorme nom de la chanson française.

Quel serait ton plus beau rêve musical ?
Eve :
A chaque fois, je dis la même chose, mais à force de le répéter, un jour, dans cinq ans, dans dix ans, j’y arriverais : c’est remplir Bercy. Une fois de plus, je suis obsédé par la scène et je me dis que le jour ou j’y arriverais, si un jour j’y arrive, ça voudra vraiment dire que j’aurais vraiment fait du chemin. Si ça se trouve, dans quelques temps, je serais obligé d’aller dans des pianos bars avec Michel à la guitare et moi à la voix ! Ca ne me dérangera pas car dans tous les cas, je chanterais ! Mais, peut-être que dans quelques temps je serais plus à chanter devant 200 personnes que 15 000 à Bercy… Il n’y a en a pas beaucoup qui le font et si j’ai un rêve absolu, c’est vraiment celui-là. C’est un peu mégalo mais c’est hyper motivant aussi pour moi. Ca m’aide à ne pas me croire arriver, à ne pas me croire installer. J’ai conscience que j’ai encore au moins cinq ans à convaincre les gens.

Avec la sortie de ce deuxième album et six mois avant le début de la tournée, quel est ton état d’esprit ? As-tu la pression ?
Eve :
J’ai vraiment la pression ! C’est mon tempérament de ne pas avoir confiance en moi et dans ce que je fais. En plus, même si j’étais confiante, ce serait complètement débile de croire qu’à chaque album, le public va être là. "Nos différences" est rentré à la trente quatrième place des ventes, ce n’est pas mal vu qu’il y a énormément de chose à cette période de Noël. Maintenant, je veux vraiment continuer à le faire connaître, je serais frustré qu’il ne marche pas. J’ai la pression et je crois que je l’aurais toute ma vie !

Propos recueillis par Olivier Delay

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Eve à
"La Cigale" :
14 m
ai 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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